Une vacuité temporaire

Une plaine gigantesque et ennuyeuse, c’était la description parfaite de la route 6. Bon, il y avait quelques villages ici et par là, mais rien de bien intéressant. Un chemin long et démotivant, je ne pouvais rien de dire de plus sur cette route. Malgré cela, je me réjouissais d’avoir rencontré des Pokémons sur ma route, j’ai pu analyser leur comportement à l’état sauvage. Disons que les Pokémons sont assez craintifs par rapport aux humains. Sommes-nous si intimidants? Sincèrement, Ace et Venom me laissaient penser que j’étais une bonne personne. D’ailleurs, parlant d’eux, ils étaient à mes côtés pour affronter les obstacles peu nombreux de ce sentier. En même temps, c’était plus une méthode de distraction que pour m’aider que je les fis sortir de leur maison. Le voyage aurait été long sans eux. De plus, les légendes que j’ai entendues auparavant sur cette route m’intriguent au plus haut point. On dit qu’un vieil homme, le maître des capacités, posséderaient un bout d’histoire oublié d’Ammaï. Seul lui connait une version de l’histoire que nous ignorons. Ce qui est dommage, c’est qu’il faut mériter sa confiance pour qu’il nous transmette le message et malheureusement, je ne pense pas être l’élu digne de sa confiance. Reste que, ça me passionnait les histoires du genre!

Continuant ma marche avec mes compagnons, ne croisant aucun être humain pendant une bonne demi-heure, nous nous assîmes sur le sol afin de déguster un repas. Varier et distinct, chacun avait une nourriture qui lui était propre. La variété des mets qui étaient sur le drap que j’avais déposé fit monter des odeurs des plus délectables à mon nez. Venom avait un repas fruité, Ace, lui, aimait les aliments salés et moi, je mangeais un peu des deux. Ce ne fut guère long et le pique-nique était terminé. Définitivement, nous étions tous affamés!

Le ventre plein, nous avancions vers la prochaine ville : Korella. Celle-ci était mon premier vrai défi puisque là-bas, j’allais me heurter à une championne d’arène redoutable : Louise. Une arène de type ténèbres, ça n’allait pas être du gâteau! Semblerait-il qu’une règle bien précise fut établie seulement dans son arène. Celle-ci consiste à ce que dès que deux Pokémons d’une équipe est hors combat, le combat se termine. Un principe innovateur, mais handicapant. On ne pouvait pas compter sur la chance dans cette arène! De plus, la championne détenait des Pokémons beaucoup plus haut niveau que moi et en possédait plus. Si je voulais la vaincre, je devais absolument m’entraîner et capturer diverses Pokémons.

Sur ces songes, je tombai face à face avec un village abandonné. Vérifiant à gauche et à droite s’il y avait un signe de vie, je me promenais dans un cimetière d’architectures anciennes. Ainsi, anodin soit-il, deux Pokémons entrava mon chemin et s’amusaient tout bonnement au plein milieu du soi-disant bourg. N’hésitant pas une seconde, je balançai en l’air mes deux Pokéballs habités pour qu’elles laissent place à Ace et Venom. Un combat inévitable s’engagea rapidement, mon premier combat double…

Ace et Venom se regardèrent dans les yeux avant de se retourner vers moi lorsqu’ils surent contre qui ils se combattaient. Je crois qu’ils n’étaient pas très d’accord d’attaquer deux Pokémons inoffensifs en leur bondissant dessus carrément. Ne sachant trop répondre à leurs regards inquiets et incertains, la chance m'a souri pour une fois. L’Ecrapince sauvage nous aperçut et par simple geste d’auto-défense, il utilisa son attaque Écume vers Ace. Mon Kraknoix était face à une attaque efficace contre lui et voyant cela, mon Venipatte sauta devant l’attaque pour l’encaisser. Venom, avec cette action, venait de gagner grandement ma confiance et celle d’Ace. Le homard adversaire se mit entre le Pokémon plante sauvage et nous. Voulait-il le protéger? Il était donc évident de croire qu’il était le plus puissant des deux Pokémons errants. Ainsi soit-il! J’envoyai Venom au combat contre cet Ecrapince, puisque Ace était faible face à ce Pokémon :

«Venom, utilise ton attaque Roulade pour en finir rapidement avec cet Ecrapince! »

Ordre entendu et exécuté aussi vite! Se mettant en boule et accélérant sur la surface, il plaqua une première fois le Pokémon aquatique. Celui-ci recula de quelques mètres avant de se mettre en mode furie. Il balança une multitude d’attaque Écume auxquelles Venom, qui était replié sur lui-même, répliqua toujours avec une charge encore plus forte que la précédente. Esquivant du mieux qu’il le pouvait les assauts insistants de mon Venipatte, il devenait clair que le Pokémon sauvage ne pouvait pas résister longtemps aux contrattaques. Bien qu’il répliquait toujours avec des attaques Écume, qui semblait être son seul arsenal pour le moment, les dommages qui s’amplifiaient au fil du temps de la technique Roulade donnèrent un plus gros coup à ce Pokémon pinces.  En résumer, c’était trois attaques pour trois répliques. Un laps de temps suffisant pour que Venom prenne l’avantage sur l’Ecrapince.

Ace, lui, ne faisant qu’observer, était plutôt inquiétant face au Doudouvet qui semblait vouloir réagir face à cette situation inégale. Si c’était le cas, nous nous retrouverions dans une mauvaise posture. Kraknoix et Venipatte n’étaient des Pokémons efficaces face à ceux-là. Le plus désavantagé était sans nul doute mon Pokémon le plus puissant, Ace. Il avait autant une faiblesse de type contre Ecrapince que contre Doudouvet. Je ne pouvais pas me permettre de l’utiliser sans qu’il se fasse mettre K.O en quelques secondes.  Heureusement pour moi, le Doudouvet était très craintif et restait en arrière-plan. Je devais hausser le jeu d’un cran!  Venipatte était à l’apogée de son attaque, il devait frapper fort et je lui rappelai vivement :

«Venom! Maintenant, utilise toute ta force sur cette attaque Roulade! Tu dois en finir avant qu’il ne soit trop tard, Vas-y!»

Sur mes paroles, mon insecte prit une attitude déterminé et enchaîna avec cet ultime choc. Écume contre Roulade à plein régime! Évidemment, le résultat fut sans équivoque. Un Ecrapince carrément écrabouillé par la force de l’impact et un Venipatte épuisé par ce dur duel. Saisissant une Pokéball, je tentai une capture sur l’Ecrapince. Seule la lumière centrale de la Pokéball allait me confirmer ou m’infirmer la capture. J’espérais que c’était la première option, car je devais absolument garnir mon équipe. Hélas, Venipatte ne pouvait plus combattre pour aujourd’hui. Je devais, dorénavant, compter uniquement sur Ace…

La capture fut confirmée! Je n’ai pas eu à attendre bien longtemps pour cela, puisque l’Ecrapince était exténué par ce combat, tout comme mon Venipatte. Ce fut une vacuité temporaire dans ce village, puisque le duel l’avait réanimé pour un moment. Néanmoins, il restait un adversaire qui semblait, de son côté, être pétrifié de peur. Se recroquevillant sur lui-même, le Pokémon plante ne bougeait plus. Je voyais bien que celui-ci n’allait pas m’attaquer. Il venait de voir son ami se faire battre à plate couture, ce n’était sûrement pas la meilleure idée de tenter sa chance. Sauf qu’il ignorait que le combat aurait été très différent si Ace avait tenté sa chance. Ainsi, j’ai cru qu’il était sage de se retirer et de rappeler mes Pokémons dans leur Pokéball. Le Doudouvet, triste, resta dans son coin en solitaire. Je fus très triste de l’abandonner de cette façon, mais je savais que je ne pouvais pas le combattre et afin de conserver l’énergie de mon Kraknoix, je devais éviter des combats inutiles et qui me mettent en désavantage. La faune et la flore devenaient plus denses au fil de mes pas, puisque je quittais ce village en abandonnant le Doudouvet sauvage, mais en ayant son meilleur ami à mes côtés. Me promenant laborieusement vers Korella, je remarquai que mon geste précédent me hantait toujours. Je me questionnais beaucoup sur ce qui allait arriver à ce pauvre Pokémon solitaire. Allait-il être plus en danger maintenant que son protecteur n’est plus près de lui? Je ne le savais point. Heureusement, toutes ces idées et questions qui me tracassaient disparurent en un instant lorsque je me heurtai à un Pokémon, encore une fois. Cependant, ce Pokémon n’avait en rien rapport avec les autres. Il était beaucoup plus intimidant que mon Kraknoix ou mon Venipatte, voire encore plus déterminé que mon nouveau Ecrapince. J’avais droit à un spectacle marginal étant donné que la créature sauvage que je venais de rencontrer se mit en posture de combat. Positionnant son poing droit vers l’avant et par ce fait même, vers moi, il me défia. Il recula son pied droit et y mit une certaine pression pour mieux me bondir dessus. Je voyais en lui un guerrier pur et je devais m’avouer vaincu sur l’aspect stylistique. Ce petit comique s’était mis en mode intimidation avec cette position bien à lui. Or, je ne recule jamais devant un opposant et ce défi, lancé par ce Pokémon, allait être relevé de tout mon être! Empoignant la Pokéball de mon Kraknoix, je l’envoyai à la guerre! Je désirais qu’Ace me montre à quel point il était prêt à se battre pour moi et pour cela, je devais l’envoyer contre les ennemis les plus imposants et intimidants. Ace, la tête haute et le regard perçant, ne se laisser pas impressionner par la carrure menaçante de son adversaire. Bien au contraire, il essaya de prouver sa supériorité en utilisant l’attaque Jet de Sable pour aveugler et provoquer le Pokémon sauvage. Toutefois, le résultat final n’était pas celui qu’il souhaitait…

Un Grodoudou? Je devais m’avouer impressionné que mon adversaire et celui d’Ace soit un Grodoudou. Reste que ce Pokémon est un mastodonte, carrément! Peut-être était-il imposant, mais il n’allait sûrement pas défaire mon Kraknoix aussi facilement. En effet, Ace était coriace et ne se laissait pas impressionner par le physique. Il sauta à la gorge du Grodoudou et lui asséna une morsure violente. Se débattant d’un côté et de l’autre, le Pokémon peluche se départit du boulet qu’elle avait au cou et le balaya grâce à l’attaque Torgnoles. Visiblement sonné, Ace ne semblait pas être apte à combattre de nouveau.

C’est à ce moment que j’ai réalisa la force du Pokémon qui était face à moi. Il avait beau être mignon, mais sa force était herculéenne comparé à mes Pokémons. J’étais impuissant et ma colère monta. Je détestais perdre et ça me frustrait! Ajustant mes lunettes pour mieux regarder dans les yeux le monstre rosâtre, je rappelai Ace et, d’un coup sec, me retournai. Grodoudou, par mon regard de furie, comprit aisément qu’il avait gagné. Il retourna à ses occupations et me laissa triste, avec une défaite brise cœur. Je n’avais jamais perdu auparavant et ça faisait mal de voir nos efforts brisés. J’étais au début de mon périple, mais pourtant, je ressentais une douleur inconcevable au torse. C’était comme si je m’étais fait humilier et que tous mes efforts étaient vains. En apercevant Korella, j’ai compris que je devais, pour le moment, abandonner l’idée d’aller affronter la championne d’arène et qu’il était primordial d’entraîner mes Pokémons avant de relever ce défi. Avais-je réellement échoué lorsque je quittai les lieux du duel contre Grodoudou? Je ne le pensais pas totalement. Oui, d’une certaine part c’était un échec lamentable, mais ça m’a appris à être plus humble et à accepter la défaite ou plutôt, à comprendre les apprentissages cachés derrière les défaites. Un génie doit connaître l’échec pour être au summum de son art.

Il est vrai que perdre, c’est saumâtre, mais je crois que j’ai compris ce que ressentais Lucas lorsqu’il perdait. Il sentait une blessure profonde au fond de son âme, mais son cœur rugissait de volonté. Déterminé plus que jamais et arrivé aux portes d’une nouvelle ambiance, j’entrai dans la ville de Korella en prenant soin de me diriger directement vers le Centre Pokémon. Là-bas, l’infirmière pourra guérir mes Pokémons exténués et blessés. Il y a bien une question qui demeura dans ma tête lorsque j’entrai dans la clinique Pokémon : Lucas, où es-tu?